dimanche 9 février 2014

EVENEMENT: Témoignage d'expérience pastorale du père Godéfroid MUTOMBW,sds



Témoignage d’expérience pastorale du père Godefroid MUTOMBW,sds

Au sortir du synode Pro-provincial(le 05-10-2013), le frère Emmanuel ENKWONO,sds a eu le courage de s’entretenir avec le père Godefroid MUTOMBW au sujet de son expérience pastorale. Pour rappel, le père Godefroid a commémoré cette année son jubilé d’argent de vie religieuse en tant que salvatorien et son jubilé d’or d’âge. Voici ce qui ressort de leur entretien :
EE : Bonjour père. Lors de la journée savatorienne de la branche masculine vous avez été choisi pour partager votre expérience de vie pastorale aux confrères présents à Tshabula(ce jour là). Est-ce un privilège ? Un simple hasard ?
PG : Il a plu à la commission de formation permanente de me classer parmi ceux qui doivent donner leur témoignage, leur expérience pastorale, non pas parce que je suis le meilleur, mais parce que je suis actuellement l’ainé des salvatoriens congolais résidant au pays et ayant travaillé depuis mon ordination uniquement dans les paroisses. C’est à l’occasion de mon jubilé d’argent (25ans de vie religieuse) et mon jubilé d’or (50 ans de vie) que je livre à mes confrères cette petite expérience en rapport avec l’esprit missionnaire, le zèle apostolique.
EE : Ah bon ! D’après vous qu’est-ce qu’un missionnaire ? Et que fau-il faire pour réussir dans la pastorale ?
PG : Un missionnaire, comme un apôtre, c’est un envoyé de Dieu. C’est un serviteur, un témoin du Christ parmi ses frères. Il me semble, d’après moi, que pour réussir dans la pastorale, il faut deux éléments principaux à savoir : l’amour des fidèles et la disponibilité pour tous. Le premier entrainant le deuxième.
1.      L’amour des fidèles

            Moi, je dis toujours que nos paroissiens sont contradictoirement bons. Il y en a qui pensent que nos paroissiens sont les mêmes partout dans leur façon d’agir, de se comporter par rapport aux prêtres du point de vue pastoral. Aimer ses paroissiens suppose les connaitre, aimer leur culture, s’intéresser à leur vie, que ça soit dans le malheur ou dans la joie. Bref être proche d’eux. Que ces derniers sentent que tu es un autre Christ qui se donne à eux et pour ce les fréquenter dans leur milieu de vie, surtout dans des CEV, là où ils connaissent les joies et les peines de la vie. Il faut s’intéresser à ce qu’ils sont et ce qu’ils vivent., partager avec eux les réalités de la vie quotidienne.

            Il est vrai qu’en pastorale tout comme dans la vie courante tout le monde ne nous aime pas, mais un pasteur est celui qui prend patience pour tous, même pour ceux-là qui ne nous aiment pas. Faire la guerre à ses propres paroissiens n’est pas une solution. Bref, le jour qu’on cesse d’aimer ses paroissiens, ce jour là il faut faire sa valise et partir.

2.      Disponibilité pour tous

            Un pasteur est celui qui se met à l’écoute de tout le monde et même à l’écoute d’un fou. Parce que chacun a toujours un message important à livrer. Cet écoute se fait plus à deux niveaux : dans le bureau et au confessionnal. Ce sont ces deux endroits qui peuvent aider le pasteur à améliorer ses relations  avec ses paroissiens.

EE : Quelle expérience avez-vous faite des catéchistes et des veuves quantà votre charge pastorale ?

PG : Partout où je suis passé, je me suis plus occupé de la catéchèse. Et là j’ai compris que les catéchistes, souvent considérés comme les moins instruits par rapport à nous les vaillants ou braves prêtres, ont toujours quelque chose de meilleur à nous apprendre. Il faut donc les écouter. Et j’ai compris que dans ce domaine, collaborer avec les veuves est bénéfique. Avec les veuves, la catéchèse porte de bons fruits parce qu’elles consacrent de leur temps à la tâche qui leur est confiée.

EE : Selon vous, quel peut être le premier miracle à réaliser dans la pastorale ?

PG : Dans notre vie, nous confondons souvent  le zèle apostolique avec les œuvres matérielles que nous réalisons (construire les écoles, dispensaires, pharmacies etc.) alors qu’il faut voir les choses autrement. En plus de ces œuvres matérielles, il faut voir  ce qu’aura été la relation avec Dieu, par rapport à ses paroissiens, donc les œuvres spirituelles : visiter les malades, organiser des récollections, donner les enseignements à tel mouvement ou tel groupe de la paroisse parce que le premier miracle, d’après moi, dans la pastorale que nous avons, c’est de convertir les âmes.

EE :Que retenir de votre expérience comme curé ? Je sais que vous avez travaillé à St Francois d’Assise (Sandoa), N.D Fatima (Kolwezi), St Abraham (L’shi),Yesu Mtumishi(L’shi) et maintenant St Gabriel (Hewa Bora/ L’shi).

PG : Après mon parcours d’une année comme curé à Sandoa (St François d’Assise) et ses villages, de 7 ans à Notre Dame Fatima(Kolwezi), de 4 ans à St Abraham(Lubumbashi) et de 4 ans à Yesu Mtumishi (Lubumbashi), je reconnais que mes deux premières affectations m’ont vraiment édifié dans la pastorale pour être ce que je suis. Je ne suis pas un prêtre complexé par rapport à ma charge pastorale. Je sais bien faire ce qu’on me demande. Et je fais même plus. Je ne suis pas de ceux qui pensent que Dieu comble son bien-aimé quand il dort et qui passent leur vie à longueur des journées en train de tourner leurs pouces, manipuler la télévision ou le téléphone. Je ne suis pas un curé qui reste toujours cloué dans son bureau ou dans sa cure. J’ai appris plus à sortir, à marcher, à aller à la rencontre de mes paroissiens. Bref, je reste convaincu que la paresse est un vice qu’il faut combattre toute sa vie durant.
Je suis arrivé à Sandoa, « ville qui tue les prophètes », ayant remplacé un confrère européen, la population ne me donnait même pas 3 mois de réussite. Ils étaient sûrs que j’allais échouer vu mon âge. Et à Fatima, les gens ne voulaient même pas de moi, me connaissant dur de caractère. J’y suis entré comme un voleur, donc en cachette. Me connaissant de caractère dur et le disant ouvertement, leur paroisse ne pouvait être dirigée que par un blanc et non par un noir congolais. J’y suis entré comme un voleur et m’imposer comme curé par mon savoir faire.

EE : Et la force de tout cet élan missionnaire,où l’avez-vous puisée ? Est-elle fruit de vos qualités personnelles ?

PG : Non Guelord, la force de cet élan missionnaire ou de ce zèle apostolique, je la puise dans ma prière personnelle et communautaire. Car la charge que j’assume est une charge qui est confiée non pas à moi seul, mais à toute la communauté. Cette force, je la puise aussi dans le partage d’expérience avec les confrères de la communauté, là où règne l’amour, des joies et peines liées à notre tâche pastorale.

EE :  Et le mot de la fin ?

PG : Par rapport au thème de notre journée salvatorienne de la branche masculine, je me pose la question de savoir : D’où venons-nous ? Où sommes-nous et où allons-nous ? Nous devons avoir la culture de l’excellence, la culture d’apprécier aussi le bien que les autres font et ne pas penser que ceux qui nous ont précédés dans la tâche pastorale sont des brigands, bandits, voleurs et qu’ils n’ont rien fait. Car un tel complexe engendre la jalousie, la haine, l’homicide et l’assassinat. L’humilité doit caractériser notre pastorale. Pour finir, sachons que pour chaque entreprise humaine, il ya toujours les moments de joie et ceux de peine, la pastorale paroissiale n’en fait pas exception.


                               Père Godefroid MUTOBW-A-NGOY, salvatorien
                               Recteur de la chapelle St Gabriel/ HEWA BORA
                               Et Frère Emmanuel ENKWONO,salvatorien
                                   Etudiant de 2ème Théologie/ Scolasticat Bx. Jean XXIII/ Kolwezi