vendredi 15 novembre 2013

RELGION : Interprétation des textes du 33è Dimanche Ordinaire année C


INTERPETATION DES TEXTES DU 33 è DIMANCHE ORDINAIRE DE L’ANNEE C
 

Première lecture : Lecture du livre du prophète Malachie 3, 19-20

Nous sommes à l’époque du retour de l’exil et de la reconstruction du Temple (vers les années 440 avant J-C). Le peuple qui venait d’une grande souffrance de Babylone, trouve sa liberté avec l’édit de Syrus, roi perse. Dans cette ambiance et surtout après la prophétie d’Aggé et de Zacharie, on pensait qu’il y aurait accomplissement de la promesse liée à la reconstruction du Temple. En effet, Dieu a promis à Abraham dans Gn 12, 1-4 ceci : « Je ferai de toi une grande nation, je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; en toi seront bénies toutes les familles de la terre ». Dieu lui dit encore : « Contemple donc le Ciel, compte le nombre des étoiles si tu peux les compter, telle sera ta descendance » (Gn 15, 5-7). En synthèse, Dieu a promis à Abraham trois choses : Le pays (la Palestine), La Progéniture (Une grande descendance), et par cette nation, toutes les familles de la terre seront bénies. Ce sont ces promesses qu’Abraham a légué à sa descendance : d’abord à Isaac, son fils légitime, celui-ci les lègue à Jacob. Ces promesses sont rappelées à Moïse lorsque Dieu lui confie la mission de libérer son Peuple : « C’est moi le Seigneur, je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob, … j’ai établi mon alliance avec eux pour leur donner le pays de Canaan, pays de leur migration… Je vous prendrai comme mon peuple, je vous délivrerai de leur servitude, je vous revendiquerai avec puissance et autorité, je vous ferai entrer dans le pays que, la main levée j’ai promis à Abraham, à Isaac et à Jacob » (Ex 6, 2-ss). Certains ont pensé la réalisation de ses promesses à l’époque de David qui a établi une nation et a fait d’Israël un peuple. Malheureusement, non seulement il y a eu schisme après la mort de Salomon qui a construit le Temple et entrepris des travaux d’urbanisation, mais aussi et surtout, il y a eu exil à Babylone à l’époque de Sédécias par Nabuchodonosor, roi de Babylone. L’espoir du peuple par rapport à ces promesses s’est envolé. Il sera repris au retour de l’exil par l’édit de Syrus. Le peuple d’Israël qui pense que les promesses seront réalisées, tombe dans  l’inaction et quelque fois dans le scepticisme car les promesses tardaient à venir. C’est ici que Malachie intervient pour rappeler la réalisation des promesses dans le jour du Seigneur. Avant l’exil, le peuple d’Israël n’a pas d’idée de l’avenir, de l’espérance : pour lui, la bénédiction est sur la terre dans la progéniture et surtout dans la possession de beaucoup de biens. Après l’exil, certainement par l’influence des babyloniens, ce peuple a l’idée des biens à venir, eschatologiques ; c’est dans cette mouvance qu’il y a l’idée du jour du Seigneur, jour de colère que tous les prophètes poste exiliques prêchent. La vie devient ainsi linéaire : une marche vers la rencontre de quelqu’un : Dieu, une marche vers le jour du Seigneur (le yom kippur). C’est dans ce sens même que l’on peut comprendre le prophète Malachie quand il dit dans la lecture : « voici que vient le jour du Seigneur… » Avec beaucoup de vigueur, il rappelle à son peuple de ne pas être distrait, car le jour du Seigneur est un jour qui va bruler comme une fournaise. Ce jour, dit-il, consumera tous ceux qui commettent l’impiété. Mais ceux qui craignent le Seigneur seront justifiés.

 

Evangile (bonne nouvelle)  de Jésus-Christ selon saint Luc 21, 5-19

Le jour du Seigneur en lequel croyait Israël s’est réalisé en l’événement Jésus-Christ, l’Emmanuel (Dieu parmi nous). Le Royaume est parmi nous en la personne de Jésus de Nazareth : « Convertissez-vous : le Règne des cieux s’est approché » (Mt 4, 17 ; Mc 1, 14-15 ; Lc 4, 14-15). Le Royaume de Dieu c’est Jésus lui-même.

Beaucoup d’exégètes s’accordent que Luc aurait écrit après la ruine de Jérusalem, qu’il aurait bien connue et vécue en 70-71 après J-C. C’est aussi à cette époque qu’il y avait la persécution romaine que l’auteur a bien vécue aussi. L’Evangile d’aujourd’hui donne la justification de cette datation ; en effet, Jésus dans l’Evangile de Luc parle de la destruction du Temple : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit » ; il parle aussi de la persécution : « … avant tout cela, on portera la main sur vous et on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison… ».

Ces deux éléments : la ruine de Jérusalem et la persécution sont déterminants dans l’interprétation de l’Evangile de ce Dimanche. Dans cet Evangile, Jésus annonce la fin du Temple et donc le début de l’Eglise qui se fondera dans sa mort et sa résurrection. Si le royaume de Dieu est présent en Jésus-Christ, il arrivera à un moment où il ne sera plus là ; cette période est donc la période de l’Eglise, une période où l’époux n’est pas avec nous, mais il nous promet qu’il sera bientôt de retour. En parlant du Temple, Jésus parle de lui-même : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit ». C’est l’annonce de sa mort. Jésus mourra et retournera au Père où il fera la médiation entre lui et nous. Jésus nous informe qu’en ce temps de son absence, il y aura des persécutions contre ceux qui le suivront, c’est un temps où les chrétiens, suiveurs du Christ sont persécutés. Ce qui reste vrai jusqu’aujourd’hui : les chrétiens sont persécutés et l’impression que nous avons de la vie c’est que les non-chrétiens prospèrent et les chrétiens sont malheureux dans cette vie. Il y a donc risque qu’à cause de la persécution et de la souffrance de céder aux sollicitations du monde et que nous gardions distraction et par conséquent que nous soyons emportés par des doctrines mauvaises et par de mauvais prophètes. Jésus nous met en garde pour cela : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom en disant : c’est moi ou encore le moment est proche. Ne marchez pas derrière eux ». Jésus nous veut des gens fidèles à lui pendant qu’il n’est pas avec nous.

Nous remarquons dans nos sociétés beaucoup de prophètes qui disent qu’ils sont des Jésus de retour parmi les hommes, le sont-ils réellement ? Plusieurs questions demeurent floues dans les têtes des chrétiens : Jésus nous a promis qu’il revient bientôt, mais il traîne quand-même, viendra-t-il réellement ? N’est-il pas encore revenu et que nous ne le reconnaissons pas comme ce fut le cas en son temps ? A ces questions, Jésus essaie de donner une réponse : il y a des signes qui accompagneront sa venue, sa parousie : « on se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre ; des faits terrifiants surviendront, et de grands signes dans le ciel. Peut-on interpréter que ces grands tremblements de terre que le monde connaît : le tsunami, le typhon haiyan récemment et toutes ces guerres entre les nations surtout au proche orient et en Afrique… comme de signes de la parousie ? Et s’ils le sont, est-ce pour la première fois dans l’histoire que nous connaissons ces évènements ? L’histoire ne nous rappelle-t-elle pas qu’il y avait de grandes guerres et surtout les deux guerres mondiales ? Prétendre interpréter ce qui se passe dans le monde comme annonçant la parousie du Christ serait être prétentieux, car seul Dieu connaît le jour et l’heure de son retour sur la Terre. Mais la foi de l’Eglise nous enseigne que le jour du retour de Jésus coïncidera avec la fin du monde et le jugement universel. Et donc à partir de cela, l’on peut affirmer que Jésus-Christ n’est pas encore revenu, car le monde continue et le jugement des vivants et des morts n’est pas encore fait. Que faire, car on ne connaît ni le jour ni l’heure de ce retour ? Jésus nous demande de rester fidèle à lui, de rendre témoignage de lui dans ce monde plein de sollicitations au mal ; mais cela ne va pas sans conséquence : on sera détesté d’avoir agit ainsi. Mais seule la persévérance nous assurera la vie.
 

Deuxième lecture : 2 Thessaloniciens 3, 7-12

Saint Paul a prêché à la communauté de Thessalonique dans son premier livre qu’il leur adressa le retour proche du Christ. Et ainsi, il leur demande de prendre garde à cela, car, dit-il : « Nous les vivants qui seront restés jusqu’à la venue du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont morts… les morts ressusciteront d’abord, ensuite, nous les vivants qui seront restés, nous seront enlevés avec eux sur les nuées, à la rencontre du Seigneur….., le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit… quand les gens diront : quelle paix, quelle sécurité, c’est alors que soudain la ruine fondra sur eux » (1 Thes 4, 13 – 5, 11). L’enseignement de cette doctrine de la résurrection des morts et du jugement dernier des vivants et des morts a conduit les Thessaloniciens à l’inaction ; en effet, par ce que Jésus revient bientôt : pourquoi travailler, pourquoi avoir des biens, pourquoi se réjouir avec le monde ? Saint Paul réagit à cette attitude dans la deuxième épitre qu’il adresse à la même communauté en donnant l’importance du travail et de la vie dans l’attente du Seigneur. Le royaume des cieux commence sur cette terre, par les œuvres que nous réalisons, par la transformation du monde que Dieu nous a laissé. La parousie du Seigneur se  vit dans ce monde. Nous serons jugés le jour de la parousie, mais sur les actes que nous posons dans le monde, sur les œuvres que nous avons réalisées dans ce monde. C’est dans ce sens qu’il affirme ceci : qui ne travaille pas ne mange pas non plus. Il donne même son modèle comme de travailleur pour pousser ce peuple aux œuvres. L’annonce du retour du Christ ne conduit pas à l’inaction ; au contraire, elle nous invite plus à l’action dans le monde, car c’est par ces œuvres qu’il y aura le jugement et que l’on distinguera les moutons des boucs, le bon grain et l’Ivrée.

 

 

Michel LEMBE SDS

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