Troisième dimanche de l’avent année A
Lecture du livre d’Isaïe 35, 2-11
Les
voisins d’Israël sont en train de le terroriser par leurs forces militaires ;
malheureusement ses rois à l’intérieur
du pays, croient résoudre le problème par des alliances avec l’extérieur pour
attaquer militairement leurs terroristes. Isaïe, un homme qui sait bien lire
les signes de temps et qui sait bien interpréter le message de Dieu refuse ces alliances.
C’est même dans cette logique qu’il écrit cette lecture. Voyant la misère de
son peuple face à ces terroristes extérieurs et face à ces rois irresponsables,
il donne un message d’espérance qui est celui du messie. Ainsi dit-il que
toutes les souffrances vont finir quand le messie viendra. Son peuple qui
souffre est comparé à une terre aride, à un désert, terre de la soif. Encourageant
son peuple, il lui présente un message de joie : que cette terre se réjouisse, car la gloire du Liban lui est donnée.
Il demande ainsi à son peuple de tenir fort face à cette souffrance : prenez courage, ne craignez pas. Quand Dieu
viendra c’est la vengeance, ça sera sa revanche.
Les
deux termes vengeance et revanche
nous donnent l’image d’un Dieu qui détruit ses ennemis ; cette image est
différente de celle que Jésus nous a présentée à savoir, un Dieu doux, humble,
patient. Pourquoi cela ? Cela se comprend si l’on se situe dans le
contexte de l’écrivain sacré. En effet, les juifs, nous devons l’affirmer,
avaient l’idée du Messie qui viendrait pour sauver le monde, mais n’en avaient
pas une connaissance claire. Le Messie qu’ils attendaient serait un roi
puissant administrativement et militairement et ainsi, il dominerait sur toutes
les nations. Mais ce Messie accomplirait aussi des signes messianiques : des miracles. C’est ce que le prophète
Isaïe annonce : les yeux des
aveugles s’ouvrirons, les sourds entendront, les muets parleront, le boiteux
bondira comme un cerf… Ainsi la joie reviendra.
Ces
signes messianiques se sont réalisés en Jésus-Christ, le serviteur souffrant qu’Isaïe
a annoncé dans son troisième livre cette fois-là. Nous allons découvrir cela
dans l’Evangile à travers la question du Baptiste : Es-tu le Messie que nous attendions ou bien devons-nous en attendre un
autre ?
Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu
11, 2-11
Dans
la souffrance de la prison et apprenant certainement d’eux les signes
messianiques de lui, Jean-Baptiste envoie ses disciples demander à Jésus :
Es-tu le Messie qu’on attendait ou bien
devons-nous en attendre un autre ?
Cette
question renferme la vision des juifs, peuple du Baptiste, sur le Messie, à
savoir : la puissance, la vengeance envers les méchants, mais aussi les
merveilleux, les signes messianiques, les miracles.
Jean-Baptiste
se voit en prison, mais apprend que les signes messianiques se réalisent à
travers celui qu’il a annoncé comme agneau
de Dieu. Curieusement, ce Messie qu’il a annoncé ne vient pas le libérer en
prison, alors que selon les signes messianiques, les captifs seraient libérés. Il
a un peu de complications dans sa tête quant à ce Messie ; dans ce sens il
s’interroge s’il est le Messie qu’ils attendaient ou il faut un autre. C’est ce
qui nous arrive souvent dans le quotidien de notre vie. Il arrive que le
chrétien entre en doute quant à Dieu ; alors qu’il s’engage dans une vie
vertueuse, mais un contraste se réalise dans sa vie, il reste miséreux, il ne
trouve pas ce dont il a besoin pour sa vie. Il prie quotidiennement, aide les
pauvres, mène une vie droite, mais il demeure malheureux dans la vie. Dans ce
sens, comme le Baptiste, il se demande s’il vaut encore la peine de continuer à
servir le Seigneur ou bien faut-il faire comme tout le monde. Comment expliquer
ce contraste ? Le Christ, pourquoi n’a-t-il pas sauvé le Baptiste qui l’a
même annoncé ?
Parce
que le temps du Baptiste était fini et il revenait à lui de comprendre la
volonté de Dieu et de s’y jeter tout simplement. Mais ce Christ qui n’a pas
sauvé le Baptiste a au moins sauvé d’autres infirmes dont nous avons entendu
parler dans l’Evangile : allez lui
raconter ce que vous avez vu et entendu : les sourds entendent, les
aveugles voient, les boiteux marchent. Dans cette façon d’agir du Christ il
y a un message qui nous est adressé : c’est évident que le Christ est venu
et il viendra encore de manière commémorative le jour de Noël pour nous
apporter le salut qui commence par le bonheur dans ce monde qui passera à travers des signes et
des miracles ; et dans ce sens le chrétien c’est quelqu’un qui vit avec le
Christ et donc quelqu’un qui vit dans le bonheur intérieur (la paix, la tranquillité)
et extérieur (le confort matériel par son travail juste qu’il apprend du Christ)
dans cette vie jusqu’à ce qu’il reviendra pour le sauver définitivement dans sa
parousie. Mais aussi Jésus veut nous faire comprendre que même s’il est venu pour
nous accorder le salut et le bonheur, c’est toujours par sa volonté qui n’est
jamais un mal pour nous. S’il ne sauve pas le Baptiste, c’est parce que ce n’est
pas cela sa volonté. S’il ne nous donne pas ce dont nous avons besoin, c’est
aussi parce que ce n’est pas sa volonté ; sa volonté étant toujours
celle de nous donner ce qui nous fera du bien ; il ne nous donnera pas ce
qui nous fera mal. Peut-être que s’il nous donnait le voiture que nous lui
demandons, nous aurons un accident et nous laisserons nos enfants périr ;
peut-être s’il nous donnait l’argent dont nous avons besoin nous nous perdrons…
Soyons sûr que lui qui connaît le secret le plus intime de nous-mêmes et
surtout de l’évolution de la vie ; il ne peut pas nous donner un serpent quand nous avons besoin du
pain. Frères et sœurs, quand nous prions et nous nous engageons au travail
pour obtenir ce dont nous avons besoin pour notre vie et que nous n’obtenons
pas cela, jetons-nous dans la volonté de Dieu, parce que lui seul sait pourquoi
il ne nous donne pas cela. C’est dans ce sens que saint Jacques parle de la
patience dans la deuxième lecture.
Deuxième lecture : lecture de la lettre de saint Jacques 5, 7-10
Jacques
nous donne un moyen de vivre la volonté de Dieu : c’est la patience. Il la compare à celle du
cultivateur qui attend les produits précieux de son travail. Le menuisier, le
potier, le charpentier, le mineur, etc. gagnent leurs revenus dès qu’ils
finissent leurs œuvres, peu importe l’échéance :
trois jours, une semaine, un mois, … Mais le cultivateur mange le fruit de
son travail seulement quand cela sera mûr ; selon la culture, il y a des
échéances qui ne dépendent pas de lui, mais de cette culture : deux mois,
trois mois, un an, … dans ce sens il lui est demandé une certaine patience
pour obtenir ce dont il a besoin.
Ainsi,
doit être la patience de celui qui croit en Jésus et qui prie ; il demande
ce dont il a besoin à son Dieu, il travaille pour l’obtenir, mais aussi se
jette dans la volonté de Dieu qui lui donnera ce dont il a besoin nécessairement.
S’il ne le reçoit pas maintenant, qu’il garde patience, il l’aura un jour ;
tout en sachant que Dieu ne nous donnera pas ce qui nous fera mal.
Michel LEMBE SDS
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