Commentaire
des textes de dimanche
XIIè
dimanche du temps ordinaire de l’année C
1. Ière Lecture : Zacharie 12,
10-11 ; 13, 1
Le
livre du prophète Zacharie, comme nous le savons bien, est subdivisé en deux
grandes parties : la première va du chapitre 1 au chapitre 8 et la
deuxième partie va du chapitre 9 au chapitre 14.
La
première partie qui parle de l’exil et des épreuves subies par le peuple juif
est le fruit, selon les exégètes, de la main du prophète lui-même. Cette partie
est postexilique, elle serait alors écrite vers les années 515 avant notre ère.
C’est donc avec le prophète Zacharie et Agée que fut achevée la reconstruction
du Temple détruit pendant la ruine de Babylone.
La preuve de cette période de plume est l’usage dans ce texte des thèmes
du Temple, des thèmes d’épreuve de l’exil et les interventions
divines, des thèmes comme ceux du
sacerdoce. C’est à la suite de Zacharie et Agée qu’Esdras et Néhémie vers
les années 400 continueront l’œuvre du culte au retour du peuple de Dieu.
La
deuxième partie qui contient notre texte est totalement différente de la
première quant aux thèmes, aux personnages, et surtout au style différents. Ce qui montre que l’auteur différent
de celui de la première partie. Selon les exégètes, cette partie serait écrite
vers les années 330-300 avant notre ère. C’est la période grecque. Epoque où
Alexandre le Grand atteint la littorale de la Méditerranée. Les Grecs
deviennent ainsi la grande puissance ennemie du peuple de Dieu. C’est une période
de grande épreuve.
Pour
le peuple de Dieu, toute période d’épreuve est aussi un moment d’intensité
religieuse : nous nous rappellerons l’époque de l’exil, l’invasion de
Sénakérib, la persécution des
maccabéens.
C’est
donc dans ce contexte d’épreuve que Zacharie affirme l’arrivée d’un
messie : « Je répandrai sur la maison de David et sur l’habitant de
Jérusalem un esprit de bonne volonté » (v.10). Un messie doux et humble de
Cœur, qui sera tué, transpercé (ce que Jean a repris dans le récit de la mort
de Jésus. Son côté fut transpercé), un messie dont le deuil sera célébré par
tous les peuples. Ce messie, par sa souffrance, va libérer le peuple du péché.
Un
messie souffrant ? C’est un scandale pour les juifs, affirme Paul ;
et il a bien raison, parce que le messie attendu par les juifs a aussi un rôle
tout à fait politique. Il doit être prophète, prêtre et roi. Sa royauté est
celle de domination de toutes les nations, c’est cela le sens du psaume
119 : … je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône. Ce qui
explique clairement que le messie a aussi un rôle tout à fait politique ;
il doit être puissant, d’une puissance incomparable sur la terre. Ce messie
libérerait Israël de l’oppression de ses voisins. Un messie qui arrêterait
toute souffrance.
Il
faut signaler que Zacharie est parmi les rares qui prêchent un messie doux, à
la suite du déteuro-Isaïe qui prêche aussi le serviteur souffrant (ch.53).
C’est
le choix qu’opère, malheureusement pour les juifs, Jésus de Nazareth. D’où,
l’incompréhension de sa personne. Tous, même ses propres disciples ne le
comprenaient pas, parce qu’ils voulaient qu’il soit un messie politique, et il
en avait les capacités, car il opérait des miracles et il était même capable de
ressusciter les mort. Jean Baptiste, qui certainement attendait aussi un tel
messie, se trouvant en prison, mais ne sentant pas l’intervention du messie,
pose cette question : « es-tu le messie ou devons-nous en attendre un
autre ? ». Cependant, il faut signaler que le refus du messianisme
politique par Jésus ne signifie pas que sa messianité n’a aucune influence sur
la politique, mais cela signifie que la politique n’est pas la prioritaire. Jésus
a compris qu’il n’était pas compris, d’où sa question dans l’Evangile du
jour : « Qui suis-je ? »
2. Evangile : Lc 9, 18-24
Qui
suis-je ?
Matthieu
et Marc situent cette question sur le chemin vers le village de Césarée de
Philippe ; Luc quant à lui, situe Jésus sur la montagne en trin de prier
avant qu’il ne prononce ces paroles. Ce n’est pas à dessein qu’il présente les
choses ainsi, car chez Luc, les grandes décisions de Jésus sont souvent prises
après la décente d’une montagne où il priait : c’est le cas du choix des
douze (6,12-ss), c’est aussi et surtout le cas de l’avant sa passion où il est
situé au mont des oliviers (22,39).
La
montagne lucanienne est ainsi considérée comme lieu de rencontre avec le Père.
Aujourd’hui la montagne est comparable aux sanctuaires, aux églises, c’est
aussi et surtout nos cœurs. C’est à partir de ces lieux que nous pouvons
rencontrer le Seigneur. Jésus se recueille avant de prendre une grande
décision, il nous invite aussi d’agir ainsi. Prier avant de s’engager dans nos
activités quotidiennes. Chers frères et sœurs, la prière est sans laquelle, nos
décisions restent fragiles et superficielles. La prière nous permet d’entrer en
relation avec Dieu pour prendre des décisions de nos vies qui correspondent à
sa volonté. Notre action comme chrétien doit correspondre à la volonté de
Dieu ; mais on ne connaît cette volonté que dans une prière profonde : la
messe et la participation quotidienne aux sacrements, la méditation, les
lectures spirituelles, la lectio divina, la contemplation, l’adoration, la
récollection, les retraites… ses actes nous permettent d’entrer en relation avec
Dieu, de le connaître et surtout de connaître sa volonté qui fera objet du
choix du bien à faire et du mal à éviter dans nos actions quotidiennes. Ce
n’est que de cette façon que l’on peut, comme Pierre, affirmer du Christ qu’il est le Christ (messie, le oint) de
Dieu. C’est ce qui explique que chez Matthieu, après la réponse de Pierre,
Jésus lui dise : ce n’est pas la
chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.
Comme pour dire que seule le Père est capable de nous révéler ce qu’il est Un
et Trine ; ce n’est que dans la prière que l’on peut dire DIEU. Autrement à cette question : qui suis-je, on restera superficiel,
comme les autres disciples, si on n’entre pas dans les profondeurs de
Dieu ; on comprendra par conséquent Jésus par rapport à nos intérêts, de
sorte que s’il n’y répond pas, il n’est pas le messie. Méditons maintenant sur
les réponses des autres disciples. Qui est Elie ?
Elie est
la figure de la prophétie en activité, qui fait des miracles : qui défie
les Dieu Baal en arrêtant la pluie par l’invocation divine, et en la faisant
tomber à travers le sacrifice au carmel ; il nourrit la veuve de Sarepta
pendant la sécheresse ; il défie même les rois d’Israël qui étaient jusque
là intouchables en dénonçant le mal. Il n’est pas mort, mais est monté au ciel
(2R 2, 11-12). Bref, il est l’image d’un homme qui apporte le bonheur au peuple
de Dieu à travers ses intercessions à Dieu. Il est un prophète violent, en
activité. La tradition disait qu’Elie devrait revenir (Mt 17, 10-ss ; Mc 9,
11-13) : certes Elie va venir et
rétablira tout. Il fallait qu’Elie revienne avant la venue du Messie. Qui
est Jean-Baptiste ?
Seul
l’Evangéliste Luc parle longuement de
Jean-Baptiste, les deux autres synoptiques en parlent surtout pour situer le
baptême de Jésus en le comparant de celui du baptiste : le premier étant
d’Esprit et de feu et le second, de conversion. Luc particulièrement parle de
l’enfance de Jean Baptiste : il est né d’un couple des vieillards pieux (miraculeusement)
(1, 1-ss). Il reçut sa vocation de manière spéciale (3, 1-ss) ; il est
surtout celui qui prêche la conversion, qui prépare la venue du messie, qui
prêche la colère de Dieu, le jugement dernier, la charité,… (3, 7). Certains
s’interrogeaient même si ce n’était pas lui le messie (3,15). Jean était
tellement grand qu’il prêchait aussi avec autorité et tous l’écoutaient et se
faisaient baptiser. Jésus lui-même le reconnaît grand spirituel quand il se
compare à lui : Jean-Baptiste est
venu, il ne mangeait pas de pain, il ne boit pas de vin (7, 33 ; Mt
11, 17-18) ; Jésus le reconnaît aussi comme grand prophète : il est le plus grand prophète, … aucun n’est plus grand que Jean
(7, 27-28). Jésus compare aussi Jean à Elie en répondant à ses disciples qui
l’interrogeaient au sujet du retour d’Elie, il dit : Elie est déjà venu, au lieu de le reconnaître, ils ont fait de lui ce
qu’ils ont voulu… (Mt 17, 12-13). Chez Jean l’évangéliste, il est aussi
comparé à Elie : qui es tu, es-tu
Elie ? (Jn 1, 20-ss). Le récit de la mort du baptiste est à retrouver
seulement chez Matthieu ; en effet, il est reconnu grand même par Hérode
qui refusa de le tuer, mais parce qu’il a voulu honorer au serment fait à sa
fille, il accepta de le décapiter, mais même alors, il en fut attristé (Mt 14, 1-12). Bref, Jean était aussi un grand.
Ce
qui précède montre qu’il y a un lien entre le messie, Elie et Jean baptiste,
c’est cela qui explique que certains ont vu en Jésus Elie, d’autres
Jean-Baptiste. Mais ces deux ne sont pas des messies, mais ceux qui préparent
la venue du messie. Qui est le messie alors ? Est-ce Jésus ?
Les
contemporains de Jésus ne le comprennent pas. Qui est cet homme qui opère des
miracles, qui guérit les aveugles, même les esprits mauvais lui obéissent ?
Qui est cet homme qui parle avec autorité ? (Mt 21-23-ss). Qui est même
capable de réveiller les morts ?
Curieusement, même ses propres disciples ne le
comprennent pas. C’est ainsi qu’il les interroge aussi, mais pour vous qui
suis-je ?
Pierre
découvre en Jésus le messie, le Christ
(oint) de Dieu. Il a en fait donné la vraie réponse. Mais pourquoi Jésus
lui répond-il avec sévérité ? C’est parce qu’il comprend leur conception
politique du messie qui régnerait avec des accompagnateurs. Rappelons-nous
l’épisode des deux fils de Zébédée dont la mère voulait que l’un siège à sa
gauche et l’autre à sa droite ; les disciples eux-mêmes discutaient sur le
plus grand entre eux pour prouver qu’ils sont à la recherche du pouvoir quand
Jésus régnera.
Cette
conception d’un messie politique existait dans la mentalité de toute Israël. En
effet, pour le peuple élu, le messie remplirait trois fonctions : il
serait prêtre, prophète et roi. Et Jésus
comme messie, devrait aussi trôner sur toute les Nations : je ferai de tes ennemis le marchepied de ton
trône (Ps 119). C’est dans cette
incompréhension de sa personne que Jésus trouve opportun de définir sa
messianité : une messianité qui passe par la souffrance : il faut que le fils de l’homme souffre
beaucoup… et le troisième jour qu’il ressuscite. Comment sauver par la
souffrance ? Ce n’est pas possible, c’est même un scandale pour les juifs,
une folie pour les grecs affirme Paul. C’est l’une des raisons de sa mort ;
mais fort malheureusement, c’est cela l’image de Dieu que Jésus nous donne, un
messie doux comme un agneau, pas un messie féroce comme un lion. Ce n’est qu’un
agneau qui est capable de combattre un lion dans la logique de Jésus. La
douceur est l’unique remède contre le mal, la violence du monde. Jésus lui-même
dans le langage johannique est présenté comme un agneau qui meurt et qui
détruit la force du mal : la mort
est morte quand un homme est mort sur la croix.
Jésus
nous apprend la non-violence dans nos actions quotidiennes : ce n’est que
la douceur qui peut combattre la haine, la guerre,… bref, le mal. Jésus qui est
la révélation du Père, nous présente sa vraie image, c’est la douceur. À nous
qui sommes créé à l’image et à la ressemblance de Dieu d’imiter cette image d’agneau
doux pour instaurer le royaume de Dieu ici sur terre. Quel est le modèle du
Royaume de Dieu à cette image de Dieu doux ? Saint Paul nous en donne le
modèle dans la deuxième lecture
3. Deuxième lecture : Ga 3,
26-29 : ce soir
Michel
LEMBE sds
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