vendredi 21 juin 2013

RELIGION: Commentaires des textes du dimanche: toutes les trois lectures

Commentaire des textes de dimanche
XIIè dimanche du temps ordinaire de l’année C
1.     Ière Lecture : Zacharie 12, 10-11 ; 13, 1
Le livre du prophète Zacharie, comme nous le savons bien, est subdivisé en deux grandes parties : la première va du chapitre 1 au chapitre 8 et la deuxième partie va du chapitre 9 au chapitre 14.
La première partie qui parle de l’exil et des épreuves subies par le peuple juif est le fruit, selon les exégètes, de la main du prophète lui-même. Cette partie est postexilique, elle serait alors écrite vers les années 515 avant notre ère. C’est donc avec le prophète Zacharie et Agée que fut achevée la reconstruction du Temple détruit pendant la ruine de Babylone.  La preuve de cette période de plume est l’usage dans ce texte des thèmes du Temple, des thèmes d’épreuve de l’exil et les interventions divines, des thèmes comme ceux du sacerdoce. C’est à la suite de Zacharie et Agée qu’Esdras et Néhémie vers les années 400 continueront l’œuvre du culte au retour du peuple de Dieu.
La deuxième partie qui contient notre texte est totalement différente de la première quant aux thèmes, aux personnages, et surtout au style  différents. Ce qui montre que l’auteur différent de celui de la première partie. Selon les exégètes, cette partie serait écrite vers les années 330-300 avant notre ère. C’est la période grecque. Epoque où Alexandre le Grand atteint la littorale de la Méditerranée. Les Grecs deviennent ainsi la grande puissance ennemie du peuple de Dieu. C’est une période de grande épreuve.
Pour le peuple de Dieu, toute période d’épreuve est aussi un moment d’intensité religieuse : nous nous rappellerons l’époque de l’exil, l’invasion de Sénakérib,  la persécution des maccabéens.
C’est donc dans ce contexte d’épreuve que Zacharie affirme l’arrivée d’un messie : « Je répandrai sur la maison de David et sur l’habitant de Jérusalem un esprit de bonne volonté » (v.10). Un messie doux et humble de Cœur, qui sera tué, transpercé (ce que Jean a repris dans le récit de la mort de Jésus. Son côté fut transpercé), un messie dont le deuil sera célébré par tous les peuples. Ce messie, par sa souffrance, va libérer  le peuple du péché.
Un messie souffrant ? C’est un scandale pour les juifs, affirme Paul ; et il a bien raison, parce que le messie attendu par les juifs a aussi un rôle tout à fait politique. Il doit être prophète, prêtre et roi. Sa royauté est celle de domination de toutes les nations, c’est cela le sens du psaume 119 : … je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône. Ce qui explique clairement que le messie a aussi un rôle tout à fait politique ; il doit être puissant, d’une puissance incomparable sur la terre. Ce messie libérerait Israël de l’oppression de ses voisins. Un messie qui arrêterait toute souffrance.
Il faut signaler que Zacharie est parmi les rares qui prêchent un messie doux, à la suite du déteuro-Isaïe qui prêche aussi le serviteur souffrant (ch.53).
C’est le choix qu’opère, malheureusement pour les juifs, Jésus de Nazareth. D’où, l’incompréhension de sa personne. Tous, même ses propres disciples ne le comprenaient pas, parce qu’ils voulaient qu’il soit un messie politique, et il en avait les capacités, car il opérait des miracles et il était même capable de ressusciter les mort. Jean Baptiste, qui certainement attendait aussi un tel messie, se trouvant en prison, mais ne sentant pas l’intervention du messie, pose cette question : « es-tu le messie ou devons-nous en attendre un autre ? ». Cependant, il faut signaler que le refus du messianisme politique par Jésus ne signifie pas que sa messianité n’a aucune influence sur la politique, mais cela signifie que la politique n’est pas la prioritaire. Jésus a compris qu’il n’était pas compris, d’où sa question dans l’Evangile du jour : « Qui suis-je ? »
2.     Evangile : Lc 9, 18-24 
Qui suis-je ?
Matthieu et Marc situent cette question sur le chemin vers le village de Césarée de Philippe ; Luc quant à lui, situe Jésus sur la montagne en trin de prier avant qu’il ne prononce ces paroles. Ce n’est pas à dessein qu’il présente les choses ainsi, car chez Luc, les grandes décisions de Jésus sont souvent prises après la décente d’une montagne où il priait : c’est le cas du choix des douze (6,12-ss), c’est aussi et surtout le cas de l’avant sa passion où il est situé au mont des oliviers (22,39).
La montagne lucanienne est ainsi considérée comme lieu de rencontre avec le Père. Aujourd’hui la montagne est comparable aux sanctuaires, aux églises, c’est aussi et surtout nos cœurs. C’est à partir de ces lieux que nous pouvons rencontrer le Seigneur. Jésus se recueille avant de prendre une grande décision, il nous invite aussi d’agir ainsi. Prier avant de s’engager dans nos activités quotidiennes. Chers frères et sœurs, la prière est sans laquelle, nos décisions restent fragiles et superficielles. La prière nous permet d’entrer en relation avec Dieu pour prendre des décisions de nos vies qui correspondent à sa volonté. Notre action comme chrétien doit correspondre à la volonté de Dieu ; mais on ne connaît cette volonté que dans une prière profonde : la messe et la participation quotidienne aux sacrements, la méditation, les lectures spirituelles, la lectio divina, la contemplation, l’adoration, la récollection, les retraites… ses actes nous permettent d’entrer en relation avec Dieu, de le connaître et surtout de connaître sa volonté qui fera objet du choix du bien à faire et du mal à éviter dans nos actions quotidiennes. Ce n’est que de cette façon que l’on peut, comme Pierre, affirmer du Christ qu’il est le Christ (messie, le oint) de Dieu. C’est ce qui explique que chez Matthieu, après la réponse de Pierre, Jésus lui dise : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Comme pour dire que seule le Père est capable de nous révéler ce qu’il est Un et Trine ; ce n’est que dans la prière que l’on peut dire DIEU. Autrement à cette question : qui suis-je, on restera superficiel, comme les autres disciples, si on n’entre pas dans les profondeurs de Dieu ; on comprendra par conséquent Jésus par rapport à nos intérêts, de sorte que s’il n’y répond pas, il n’est pas le messie. Méditons maintenant sur les réponses des autres disciples. Qui est Elie ?
Elie est la figure de la prophétie en activité, qui fait des miracles : qui défie les Dieu Baal en arrêtant la pluie par l’invocation divine, et en la faisant tomber à travers le sacrifice au carmel ; il nourrit la veuve de Sarepta pendant la sécheresse ; il défie même les rois d’Israël qui étaient jusque là intouchables en dénonçant le mal. Il n’est pas mort, mais est monté au ciel (2R 2, 11-12). Bref, il est l’image d’un homme qui apporte le bonheur au peuple de Dieu à travers ses intercessions à Dieu. Il est un prophète violent, en activité. La tradition disait qu’Elie devrait revenir (Mt 17, 10-ss ; Mc 9, 11-13) : certes Elie va venir et rétablira tout. Il fallait qu’Elie revienne avant la venue du Messie. Qui est Jean-Baptiste ?
Seul l’Evangéliste Luc parle  longuement de Jean-Baptiste, les deux autres synoptiques en parlent surtout pour situer le baptême de Jésus en le comparant de celui du baptiste : le premier étant d’Esprit et de feu et le second, de conversion. Luc particulièrement parle de l’enfance de Jean Baptiste : il est né d’un couple des vieillards pieux (miraculeusement) (1, 1-ss). Il reçut sa vocation de manière spéciale (3, 1-ss) ; il est surtout celui qui prêche la conversion, qui prépare la venue du messie, qui prêche la colère de Dieu, le jugement dernier, la charité,… (3, 7). Certains s’interrogeaient même si ce n’était pas lui le messie (3,15). Jean était tellement grand qu’il prêchait aussi avec autorité et tous l’écoutaient et se faisaient baptiser. Jésus lui-même le reconnaît grand spirituel quand il se compare à lui : Jean-Baptiste est venu, il ne mangeait pas de pain, il ne boit pas de vin (7, 33 ; Mt 11, 17-18) ; Jésus le reconnaît aussi comme grand prophète : il est le plus grand  prophète, … aucun n’est plus grand que Jean (7, 27-28). Jésus compare aussi Jean à Elie en répondant à ses disciples qui l’interrogeaient au sujet du retour d’Elie, il dit : Elie est déjà venu, au lieu de le reconnaître, ils ont fait de lui ce qu’ils ont voulu… (Mt 17, 12-13). Chez Jean l’évangéliste, il est aussi comparé à Elie : qui es tu, es-tu Elie ? (Jn 1, 20-ss). Le récit de la mort du baptiste est à retrouver seulement chez Matthieu ; en effet, il est reconnu grand même par Hérode qui refusa de le tuer, mais parce qu’il a voulu honorer au serment fait à sa fille, il accepta de le décapiter, mais même alors, il en fut attristé (Mt 14, 1-12). Bref, Jean était aussi un grand.
Ce qui précède montre qu’il y a un lien entre le messie, Elie et Jean baptiste, c’est cela qui explique que certains ont vu en Jésus Elie, d’autres Jean-Baptiste. Mais ces deux ne sont pas des messies, mais ceux qui préparent la venue du messie. Qui est le messie alors ? Est-ce  Jésus ?
Les contemporains de Jésus ne le comprennent pas. Qui est cet homme qui opère des miracles, qui guérit les aveugles, même les esprits mauvais lui obéissent ? Qui est cet homme qui parle avec autorité ? (Mt 21-23-ss). Qui est même capable de réveiller les morts ?
 Curieusement, même ses propres disciples ne le comprennent pas. C’est ainsi qu’il les interroge aussi, mais pour vous qui suis-je ?
Pierre découvre en Jésus le messie, le Christ (oint) de Dieu. Il a en fait donné la vraie réponse. Mais pourquoi Jésus lui répond-il avec sévérité ? C’est parce qu’il comprend leur conception politique du messie qui régnerait avec des accompagnateurs. Rappelons-nous l’épisode des deux fils de Zébédée dont la mère voulait que l’un siège à sa gauche et l’autre à sa droite ; les disciples eux-mêmes discutaient sur le plus grand entre eux pour prouver qu’ils sont à la recherche du pouvoir quand Jésus régnera.
Cette conception d’un messie politique existait dans la mentalité de toute Israël. En effet, pour le peuple élu, le messie remplirait trois fonctions : il serait prêtre, prophète et roi.  Et Jésus comme messie, devrait aussi trôner sur toute les Nations : je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône (Ps 119).  C’est dans cette incompréhension de sa personne que Jésus trouve opportun de définir sa messianité : une messianité qui passe par la souffrance : il faut que le fils de l’homme souffre beaucoup… et le troisième jour qu’il ressuscite.
La logique de la Bible affirme le secret messianique : Jésus n’a pas accepté qu’il est le Christ pendant sa vie publique (Mt 27, 11-12 ; Mc 15,1-3 ; Lc 23, 1-4 ; Jn 18,33-35). Mais ce ne sont que les autres qui le découvrent ainsi, pendant sa souffrance et après sa mort : le centurion affirme après la mort de Jésus : celui-ci était vraiment le fils de Dieu (Lc23, 44-47 ; Mt 27, 54) ; le bon larron l’affirme aussi sur la croix : souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume (Lc23, 42) ; Pilate le reconnaît ainsi : tu es donc roi (Jn 18,37-38), même alors, Jésus donne un enseignement sur sa royauté mal comprise par Pilate : ma royauté n’est pas de ce monde ( Jn18,36) ; les écriteaux sur la croix qui semblent une moquerie des juifs sur Jésus, mais affirment une vérité profonde sur lui : Jésus le nazoréen, le roi des juifs (Jn 19, 19). Il est reconnu ainsi surtout après sa résurrection et son ascension dans les Actes des apôtres qui, sans peur ni gêne, affirment Jésus comme Christ et Seigneur. Ce qui signifie en bref que le messianisme de Jésus est dans la souffrance et la mort jusqu’à la résurrection et le retour au Père.
Comment sauver par la souffrance ? Ce n’est pas possible, c’est même un scandale pour les juifs, une folie pour les grecs affirme Paul. C’est l’une des raisons de sa mort ; mais fort malheureusement, c’est cela l’image de Dieu que Jésus nous donne, un messie doux comme un agneau, pas un messie féroce comme un lion. Ce n’est qu’un agneau qui est capable de combattre un lion dans la logique de Jésus. La douceur est l’unique remède contre le mal, la violence du monde. Jésus lui-même dans le langage johannique est présenté comme un agneau qui meurt et qui détruit la force du mal : la mort est morte quand un homme est mort sur la croix.
Jésus nous apprend la non-violence dans nos actions quotidiennes : ce n’est que la douceur qui peut combattre la haine, la guerre,… bref, le mal. Jésus qui est la révélation du Père, nous présente sa vraie image, c’est la douceur. À nous qui sommes créé à l’image et à la ressemblance de Dieu d’imiter cette image d’agneau doux pour instaurer le royaume de Dieu ici sur terre. Quel est le modèle du Royaume de Dieu à cette image de Dieu doux ? Saint Paul nous en donne le modèle dans la deuxième lecture.
  3.     Deuxième lecture : Ga 3, 26-29 :
         Paul affirme que dans le Royaume de Dieu : il n’y a ni juif, ni païen, ni esclave, ni homme libre. En Jésus, nous sommes tous égaux.
         Le contexte dans lequel saint Paul écrit aux Galates laisse entrevoir que ces derniers vivaient un déchirement, une séparation d’ordre tribal dans leur communauté. En effet, nous sommes à l’époque où les grecs (païens) se sont convertis au christianisme. Les judéo-chrétiens dont la conception est telle que ne peut devenir fils de Dieu que celui qui est circoncis, entrent en conflit avec les grecs.
         Cette communauté de Galatie a en réalité, un conflit de tradition : d’un côté, celle juive et de l’autre, celle grecque. Comment vivre ensemble comme chrétien dans ces conditions ? Comment être en même temps fils du Christ et Grec ? Comment être en même temps fils du Christ et rester juif ? Telles sont les questions qui se cachent dans cette préoccupation des Galates.
         Paul répond au problème en disant : En Jésus-Christ, il n’y a plus ni juifs, ni païen, ni esclave, ni homme libre. Il convient de signaler que Paul ne rejette pas les traditions et donc les identités de ces deux peuples ; il ne veut pas en faire des étrangers à leurs cultures originelles ; mais il veut affirmer que ces traditions sont dépassées dans le Christ en qui toutes les nations sont unies. Tous nous n’avons qu’une et une seule identité à partir du moment où nous sommes baptisés dans la mort et la résurrection de Jésus, c’est le Christ. Le Christ dépasse les limites de nos frontières. C’est dans ce sens qu’il invite à la tolérance dans le Christ, parce que nous formons un seul corps dont Jésus est la tête. Le Christ est présenté par Paul comme n’ayant pas de race, de couleur, de culture. Il est le sauveur de toutes les nations, toutes les cultures. Le salut n’est plus qu’une affaire juive, mais une affaire de toute culture. Se convertir ne signifie plus se faire circoncire, mais se configurer au Christ ; païen ne signifie plus celui qui n’est pas juif, mais celui qui refuse le Christ. Chacun doit maintenant se vêtir de cette image douceur du Christ crucifié pour agir dans l’amour envers ses frères et sœurs.


Michel LEMBE sds

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