Rôle et dignité de
la femme.
De prime abord, il sied de souligner que de nos
jours des slogans tels que « émancipation
de la femme », « promotion de la femme » et « parité
homme-femme » sont scandés à tort et à raison. Ils font la une des
journaux et des médias. Sur ce, les préjugés qui font de la femme une
inférieure à l’homme et un être voué à la soumission sont-ils bien conformes à
ce que nous dit la Bible ? Quelle est la volonté de Dieu sur les rapports
qui doivent exister dans la société et dans l’Eglise entre l’homme et la
femme ? C’est à cette double interrogation que nous allons tenter de
répondre tout au long de notre dissertation.
De nos jours, la femme est
exploitée. Et l’exploitation de la femme est un fait. Ainsi, la femme est vouée
à des discriminations de tout genre. En effet, Certains la considèrent dans bien des cas comme une chose
ou un instrument de plaisir. Elle sert de compagne de lit pour l’homme au lieu
de lui servir de compagne de vie. Au lieu de partager une vie à deux, certains
hommes ne partagent avec leurs femmes que les relations corporelles et
sexuelles. Et cela conduit à des abus de toutes sortes. La femme, avec son corps charmant et attrayant, subit un marchandage
de toutes sortes. On la force au mariage sans y être préparée, le viol qu’elle
subit est utilisé comme arme de guerre en situations des conflits, et on la
voue à des tabous et interdictions de toutes sortes surtout quand elle attend
famille. Et quand le divorce est prononcé ou quand le mari meurt, c’est elle
désormais qui endosse toute la charge familiale. Pire encore, dans certaines
sectes, elle sert de fleur d’autel.
Alors qu’elle est une personne, a fortiori Fille de Dieu.Pour d’autres, la
femme sert d’instrument de travail. Ainsi est-elle vouée à des travaux lourds,
pénibles et durs pour servir de main
d’œuvre moins coûteuse. Elle est aussi considérée comme une source de richesse
ou un pactole. Et l’homme peut s’en servir à son gré.D’autres en fin, lui
attribuent un rang social inférieur à l’homme. On ne lui demande guère son avis
ni ses conseils lorsqu’il s’agit des décisions capitales engageant la vie de
toute la famille. L’homme décide tout seul en maître et en chef. Et cela
peut-être pour donner raison à Montaigne qui, pour lui, la femme ne doit s’en tenir rien qu’aux affaires de la maison.[1]
D’où l’idée fondamentale d’une complémentarité entre l’homme et la femme semble
complètement étrangère à la mentalité masculine africaine et a besoin d’être
inculquée. Sur ce, le Concile Vatican II s’oppose à toute forme de
discrimination touchant les droits fondamentaux de la personne humaine en
général, et de la femme en particulier lorsque celle-ci doit faire le choix de
son époux, élire son état de vie ou accéder à une quelconque éducation.[2]
Selon la Bible, Dieu
créa l’homme à son image, homme et femme il les créa (Gn1,27 ; 2,23). Ils
sont donc complémentaires. La femme, compagne de l’homme, lui est égale en
dignité et en valeur. Dans l’Ancienne Alliance, par exemple, certaines femmes
ont eu à remplir des fonctions importantes au sein du Peuple élu. C’est le cas
notamment de Judith et d’Esther qui libérèrent le peuple élu et le sauvèrent
des circonstances particulièrement difficiles et même tragiques (Jdt14 ;
Est9) et de Déborah et Myriam, les prophétesses (Ex15,20 ; Jg4,4).
De même, par son amour incomparable,
la Vierge Marie a attiré Dieu sur terre et lui a permis de devenir Homme. Dieu
a donc conditionné son incarnation au consentement d’une femme. Ce fut
également une femme, Elisabeth, qui discerna la venue du Messie (Lc1), une
femme qui donna au Christ l’occasion d’évangéliser les samaritains (Jn4). Même
quand le Seigneur appela ses apôtres, il appela aussi des femmes qui le
suivirent et l’aidèrent dans son action (Lc 8). Ces saintes femmes, comme le
dit l’Evangile, étaient présentes au Calvaire (alors que les apôtres avaient
pris la fuite). Et, c’est à l’une
d’elles, Marie de Magdala que Jésus était apparu et avait demandé d’annoncer sa
résurrection aux disciples (Jn20).En plus, au début, l’Eglise a connu des prophétesses
et diaconesses (Ac21, 9; Rm16,1 ; 1Co 16, 15), des saintes telles que
Claire, Jeanne de Chantal, Catherine de Sienne et d’autres encore très
influentes dans l’évolution du peuple de Dieu et des reines chrétiennes à
l’instar de Clothilde, Geneviève et Frédégonde. Et actuellement, sous tous les cieux,
les femmes occupent des fauteuils aussi luxueux et prestigieux que ceux occupés
par les hommes dans des domaines de la politique, de la coopération
internationale, de l’économie, du marketing, de l’administration sociale pour
ne citer que ceux. Angela Merkeley, LaminiZouma, Hélène Johnson respectivement
chancelière allemande, secrétaire général de l’Union africaine et présidente du
Liberia ne sont-elles pas des femmes et en même temps plus compétentes ?
Et le Pape Paul VI d’aborder dans le même angle quand il souhaitait que les
femmes participent à la vie sociale, dans l’ordre administratif et politique
pour influencer directement le renouveau des institutions sociales surtout dans
le domaine touchant au mariage, à la famille et à l’éducation des enfants.
L’émancipation est un devoir moral
pour la femme en général et en particulier celle africaine. Elle s’avère aussi
une question de tenue générale et d’atmosphère psychologique lorsqu’on sait
qu’elle implique une indépendance vis-à-vis de l’homme et une confiance en
soi. En effet, dans son message à
l’Afrique du 29 Octobre 1967, le Pape Paul VI stipulait que la dignité de la
femme soit respectée surtout lorsqu’elle voudrait se marier ou garder sa
virginité en se consacrant à Dieu et en se dévouant au bien de tous.[3]Et
dans son message aux femmes du 08 Décembre 1965, le concile Vatican II milite
pour une égalité foncière entre l’homme et la femme et exhorte les femmes, en
ce moment où l’Humanité connaît une si profonde mutation, à s’imprégner de
l’Esprit de l’Evangile pour aider l’Humanité à ne pas déchoir.[4]Comment
concilier les deux extrêmes à savoir d’une part la discrimination que subit la
femme et, d’autre part, l’émancipation qu’elle réclame ? En cela, l’apport
du Pape PIE XI, dans son Encyclique « Casti Connubii », est de
taille. Pour lui, en effet, il y a égalité en dignité humaine entre L’HOMME et
la femme en tant que personnes ;mais il est des choses dans lesquelles une
certaine inégalité et une certaine mesure sont nécessaires et le cas échéant
est celui des obligations de la société domestique.[5]
Par ailleurs, la Bible parle de la
soumission de la femme au mari (Ep5, 22-23). Mais cette soumission, d’ailleurs,
ne nie ni n’abolit la liberté qui revient de plein droit à la femme tant à
raison de ses prérogatives comme personne humaine qu’à raison de ses fonctions
si nobles d’épouse, de mère et de compagne.[6]Aussi
faut-il savoir que dans l’Humanité tout comme dans l’Eglise, à chaque fois que
la femme est fidèle à sa vocation, elle réalise souvent des merveilles ;
mais c’est souvent dans l’ombre et sans qu’on ne le sache.
Au terme, convenons-nous quela femme
reste mère et éducatrice du genre humain dans son entièreté. La femme achève
l’Humanité. Elle marque de vie et de douceur tout ce qu’elle touche. C’est elle
qui rend le monde habitable. Elle est douée d’un grand esprit de sacrifice et
d’une tendance innée au don de soi. Les hommes doivent prendre conscience des
virtualités féminines. Et les femmes comprendre qu’elles ont, elles aussi, un
rôle important à jouer dans la réalisation du plan de Dieu, et ce en
collaboration avec les hommes. Elles doivent rompre avec leur passivité,
apprendre à s’exprimer sans aucun complexe quand cela s’avère nécessaire et
vital, mais non pas avec une quelconque agressivité. Un regard
« féminin » sur la Bible nous a permis de découvrir des trésors
insoupçonnés capables d’enrichir prodigieusement la vie de la communauté et de
toute l’Eglise. Aussi la femme doit prendre part active dans la construction
sur terre du royaume de Dieu, but ultime de l’Eglise en tant que celle-ci est
tout entière missionnaire.[7] Le
Christ, lui-même,ne s’est-il pas fait au près de ses contemporains l’avocat de
la vraie dignité de la femme et de la vocation que cette dignité implique ?[8]
Frère Emmanuel ENKWONO, salvatorien.
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